Sociología de la empresa: Video: Conferencia de Cristophe Dejours. (2 de 2): «Las evaluaciones individuales del trabajo se realizan sobre bases científicas falsas»

Posted on 2010/09/13

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[Resumen] CHRISTOPHE DEJOURS AJOUTE qu’il a fallu énormément de temps pour identifier ce qui est en cause dans l’organisation du travail. C’est un problème scientifique et clinique très difficile et ce n’est qu’en 2003 que la 1ère publication a lieu. Ce qui est nouveau dans l’organisation du travail se sont deux choses dramatiques : l’évaluation individualisée des performances et les contraintes de qualité totale. Il précise que s’il est pour les travaux de recherche sur l’évaluation. Il est hostile aux méthodes d’évaluation introduites dans l’entreprise – et qui se généralisent pratiquement partout – car elles ont plusieurs défauts. Ces méthodes sont fondées sur la prétention à faire des mesures quantitatives et objectives du travail réalisé : faire du mesurage du travail. Or les bases scientifiques de ces méthodes sont fausses. Ceci est aujourd’hui incontestable.

On notera donc que l’essentiel du travail ne peut pas se décrire. L’essentiel du travail est de nature subjective. Quand vous travaillez vous faites l’expérience que ça ne marche pas, ça échoue sur l’obstacle de la résistance du monde à la maîtrise technique sinon on n’aurait pas besoin de vous. On automatiserait tout. On ne peut pas tout automatiser parce que le monde résiste à la maîtrise de la technique, à la technologie, au savoir-faire même de l’homme le plus habile ou de la femme la plus subtile. C’est pour ça qu’on a besoin du travail vivant, de gens qui font face à l’imprévu, l’imprévisible. Si on s’en tient au mode d’emploi, la centrale nucléaire, elle ne fonctionne pas. Et pourtant, les gens arrivent à la faire fonctionner. Travailler c’est échouer. Travailler c’est chercher et endurer. C’est se tromper encore et encore avant de trouver et donc la solution est rejeton de l’échec. Vous n’avez jamais vu un mal de dents passer, l’amour ne se voit pas, la haine non plus… Le subjectif n’appartient pas au visible donc ne se mesure pas. L’évaluation individuelle des performances nuit à la coopération, c’est-à-dire au travail collectif ; elle crée la concurrence généralisée et conduit de la simple concurrence à la concurrence déloyale. Elle effondre les solidarités et fait apparaître la solitude. Nous sommes nombreux mais seuls. Et on souffre. Et qui sont les plus touchés ? Ce sont ceux qui y ont cru, qui se sont beaucoup investis et qui étaient souvent proches de la direction à des postes d’encadrement intermédiaires.

On notera aussi que la qualité totale est un contresens théorique, c’est un truc bidon dit Christophe Dejours. La qualité totale ça n’existe pas, au mieux la qualité totale est un « idéal » mais si vous faites passer l’idéal pour la vérité et que c’est la condition pour obtenir une certification ISO quelque chose vous êtes obligé de frauder. Donc, le système est un pousse à la fraude et en plus on ment ; ce qui pose un problème moral. On remplit des papiers, beaucoup de papiers et au nom de la qualité totale on consigne le mensonge par écrit ! Nous avons oublié que les personnes sont plus intelligentes qu’elles ne le savent elles-mêmes. Le plus subtil du métier les gens LE savent mais ils ne savent pas LE dire. Il faut savoir écouter ce que disent les travailleurs car c’est la possibilité par la parole de métamorphoser une expérience en savoirs symbolisés. Et c’est là tout l’enjeu, saisir cette subjectivité, lui donner du corps, de la chair pour recréer du collectif et de nouvelles formes d’évaluation collectives pour le bien-être des femmes et des hommes au travail.

Intervention de Christophe DEJOURS, médecin-psychiatre, professeur au CNAM : introduction à l’analyse des problèmes de santé au travail.  Rendez-vous d’automne de l’ANM, Association Nationale des Médiateurs. Au Palais Bourbon le 24 octobre 2008. Médiation et recherche : Comment la médiation peut se développer avec l’aide de la recherche